Déjeuner à Caulaincourt

Comme prévu, Charles l'avait rejointe avec les enfants la veille.
Ceux-ci avaient retrouvé le chalet où ils passaient le plus clair de leurs vacances avec joie et ils s'étaient couchés tôt, fatigués du voyage.

Charles et elle avaient longuement discuté. Celui-ci avait quelques soucis à cause d'affaires en cours qui ne se déroulaient pas comme le prévoyait le cahier des charges. Il voyait déjà un certain retard et redoutait de dépasser la date limite de fin de travaux. Après plus de deux heures de discussion, ils étaient à leur tour allés se couchés, pensant au lendemain et au repas.

Le soleil se levait à peine lorsqu'Ezilda sortit du lit conjugal pour commencer à préparer le repas. Elle avait prévu un déjeuner assez léger mais malgré tout long à préparer.
Rapidement la petite Josephine retrouva sa mère. Elle était excitée comme une puce depuis qu'elle avait appris, la veille, que son parrain venait manger avec elle et elle voulait à tout prix aider sa maman à faire à manger pour "Upovamik Aplopdur" comme elle disait depuis toute petite. Elle savait désormais que ce n'était pas son nom mais elle n'avait jamais voulu apprendre la bonne prononciation et préférait continuer à l'appeler ainsi. Elle s'amusait de l'expression de son parrain, à la fois amusé et surpris, à chaque fois qu'elle estropiait son nom.

Son déjeuner pris, Josephine fut donc chargée de la confection du gâteau sous la surveillance de sa mère.

Il était déjà onze heures lorsque Charles vint la voir. Il semblait apparemment contrarié. En effet, suite à un coup de téléphone, il devait se rendre sur le champ au chantier qui lui causait tant de soucis depuis quelques semaines. Un nouvel accident venait de se produire malgré les précautions prises et il soupçonnait de plus en plus quelque concurrent de vouloir saboter le travail de toute son équipe. Il demanda à Ezilda de l'excuser auprès d'Upo et de son épouse, fit un bisou à chacun de ses enfants et partit rapidement.

Hadrien-Charles, qui venait de mettre les couverts de réception enleva l'assiette de son père tandis que dans un coin du salon Alinor pliait les serviettes avec style.
Ezilda, voyant la tristesse de son fils remis l'assiette de son père et enleva celle d'Hadrien.

- Ton père ne déjeune pas avec nous aujourd'hui. C'est toi qui va être le maître de maison. D'accord ?

Les yeux du jeune homme investit d'une telle charge s'illuminèrent et il monta en quatrième vitesse dans sa chambre pour se changer et se recoiffer. Il prenait son rôle au sérieux.

Tout était fin prêt et Ezilda venait juste de finir de coiffer les longs cheveux blonds d'Alinor et de Josephine lorsqu'on sonna à la porte.
Le temps de descendre, Hadrien-Charles avait déjà accueillit le couple d'invité et Josephine la depassa dans les escaliers pour aller embrasser son parrain en criant "Upovamik !!!" sous l'oeil amusé d'Edith.

Comme chaque fois la figure d'Upo marquait un brin d'agacement, de surprise, de résignation et finalement d'amusement...
Edith félicita Ezilda de la superbe table dressée... elle connaissait bien les multiples talents d'Ezlilda, Upo lui en avait très souvent parlé.
Leur fille Anaïs allait déjà galopant et voulant toucher à tout.
Upo était si heureux de revoir sa nièce, il lui avait apporter un superbe livre reprenant les plus beaux contes maurésiens.
- Alors mon cher Upo, il a fallut délaissé le side-car... c'est une automobile à présent?
- Et oui chère amie... mais je la bichonne toujours. Charles n'est pas là?
- Non il a été appellé d'urgences sur un chantier qui lui cause de sérieux soucis. Il m'a demandé de l'excuser auprès de vous.
- Nous le verrons une prochaine fois alors. A mais voici Hadrien et Alinor. Il faudra absolument que vous veniez a Gaurain-Ramecroix avec les enfants. Les paysages sont très différents de Caulaincourt et nous avons tout aussi.

"Oh vous savez, nous sommes loin de tout avoir ici. Ce n'est plus qu'une maison de vacances et la demeure de Pierreville de Charles ou la mienne à Philippeville sont nettement plus modernisées qu'ici. Le Chalet de Caulaincourt est fait pour nous reposer avant tout." répondit Ezilda.

Hadrien-Charles, qui prenait toujours son rôle très au sérieux guida les invités vers la table et les installa avant de prendre sa place au bout de la table, comme le faisait habituellement son père.
Alinor et Josephine discutaient déjà avec la jeune Anaïs, un peu plus jeune qu'elles.

Ezilda ammena les plats préparés.
En entrée, une salade au saumon et foie gras avec des crudités et des toasts.
Puis vint le plat, un traditionnel poulet et ses pommes à la skotinecque.
Edith, s'étonnant des saveurs exotiques, lui demanda l'origine du plat et Ezilda raconta comment, au court d'un voyage, elle avait découvert ce pays original et appris quelques unes de leurs recettes aujourd'hui perdues puisque le pays n'existait plus. Continuant la discussion, elles en vinrent à discuter de cuisine tandis que les filles parlaient sans jamais s'arrêter et qu'Hadrien-Charles, passionné de politique posait des milliers de questions à Upo.

Le ton était toujours détendu et, contrairement à ce qu'il avait pu penser au départ, Upo appréhendait de moins en moins l'entrevue.
Hadrien-Charles était intarrissable et Upo ne suivait plus la cadence de ses questions. Dans un regard, il demanda de l'aide à Ezilda qui coupa son fils...
"Hadrien, si tu ne laisses pas Upomavick parler, tu n'auras jamais tes réponses. D'accord mon chéri ?"
... avant de continuer ses explications culinaires à Edith.

Le repas touchant à sa fin, Ezilda appela Josephine pour ammener le gâteau. Toute fière elle l'apporta devant Upo en disant "C'est moi qui l'ai fait ! pour toi !"
Touché Upo accepta de couper le gâteau meringué où il voyait la touche de la mère plus que celle de la fille.
Le repas terminés, les enfants demandèrent à sortir de table pour jouer et Ezilda conduisit le couple dans le salon pour prendre un thé, un café ou un Cagé selon les gouts.
A la surprise de tous, Hadrien-Charles les suivit. Et alors que les filles s'amusaient dans le jardin sous l'oeil de Mathilde, la gouvernante qui les accompagnait la plupart du temps, les adultes et Hadrien-Charles se mirent face à la baie vitrée pour continuer les discussions.
...

La vue depuis la baie était superbe. Il fallait reconnaitre que Caulaincourt avait su garder tout son charme malgré que l'endroit était devenu parfois un peu trop mode au goût d'Upo.
- Quel beau pays que la Maurésie. N'est-il pas? Je n'y vis que depuis 4 ans et pourtant j'ai l'impression d'y avoir toujours vécu. Que n'ai-je pas silloné ses routes, les cheveux aux vents, respirant l'air parfumé par les pins, les fleurs des champs. Ezilda, il nous faut absolument réussir à mettre tout le monde d'accord pour sauver ce joyaux. De là où ils sont, nos empereurs nous demandent de mettre tout en oeuvre et de cesser nos querelles infantiles et absconces. J'avais espérer il y a tout juste deux ans que plus jamais je n'aurais à endosser l'habit de Lieutenant général d'Empire... surtout en pareil occasion.
Upo paraissait plus grave que lors du repas...
Hadrien-Charles le regardait avec des yeux éblouis... Lieutenant général d'Empire. Que pouvais cacher ce nouveau mot qui jamais encore n'était venu se cogner aux tympans du jeune garçon.
- C'est quelqu'un d'important ça un Lieutenant général d'Empire?
- En effet, bonhomme, parfois trop important, pour moi en tout cas.
- C'est le poste le plus important que vous ayez occupé?
- Celui aux plus hautes responsabilités oui... car mis à part président du CL et Empereur évidemment, je pense avoir occupé à peu près tous ce qui est occupables.
- Upo, lui rappella Edith, tu n'as tout de même pas été Ministre de la Défense!
- Oui c'est juste répondit-il en explosant de rire... Moi à la défense et aux armées... Je n'ai même jamais fait de service militaire...
- Ah bon?? fit Hadrien interloqué
- Et oui, je suis né dans un pays sans armée, situé très très loin d'ici... rarement repris sur nos cartes. Et je suis arrivé en Maurésie après l'âge légal pour le faire. De toute façon, j'aurais tout fait pour y échapper. Je préfère laisser ça à des gens plus amateurs que moi. Sinon mon petit bonhomme, j'ai commencé comme Ministre délégué à la construction territoriale et puis j'ai grimpé dans le responsabilités : l'intérieur, la justice, et même ministre de la couronne par deux fois et notamment sous le trop court règne de SMI Amédée Ie... un bon empereur que ce cher Amédée. Mais je m'allonge en nostalgie et souvenir, je vous ennuie peut être.
Upo vit le petit sourire d'Edith, qui malgré sa réticence à voir Upo reprendre du service, savait que c'était pour la Maurésie que Upo était fait et pour sa survie.

Rebondissant sur les paroles d'Upo, Ezilda demanda :

- Alors, comment va notre "Empereur" et son pays belliciste ? Vous en revenez si je ne m'abuse.

Upo connaissait le dégout d'Ezilda pour tout ce qui avait trait aux armes et partageait quelque peu cette vision. Aussi, si le terme "belliciste" l'étonna, il vit au ton que ce n'était en rien une attaque gratuite du Zollernberg.

De son côté, Hadrien-Charles s'amusait. Il avait eu avec son père plusieurs discussion. Charles le formant à la vie politique depuis son plus jeune age et Hadrien faisant montre d'une passion particulière pour ce domaine.

A vrai dire je 'ai pas encore rencontré le Grand Duc... j'ignore même si j'en ai envie. Officiellement je ne suis pas encore LGE. Il faut que je me rende au Zoll pour preter serment devant le régent. Preter serment à quelqu'un d'autre qu'un empereur maurésien... j'ai au fond de moi l'impression de trahir et en même temps j'ose espérer que cela ne sera pas vain.


DESOLE POUR LE RETARD, MAIS JE SUIS EN PLEINE CAMPAGNE ELECTORALE EL POUR LES COMMUNALES, DONC UN PEU ABSENT CES TEMPS CI...

La réponse fit sourire Ezilda. Elle reconnaissait de nouveau le Upo qu'elle affectionnait et qu'elle cotoyait depuis plusieurs années déjà dans la sphère publique.
Elle vit, aux regard d'Edith que celle-ci n'avait pas compris au prime abord la décision de son époux et qu'en l'entendant dire cela elle se remémorait le moment où elle avait appris cela. Toujours à son regard, elle compris qu'elle partgeait sensiblement le point de vue et l'étonnement d'Edith, l'amour inconditionnel pour Upo en moins, ce qui l'empéchait d'être aussi indulgente à son égard.
Mais elle ne se sentait pas pour autant l'âme à lui faire la leçon et voyait du coin de l'oeil Hadrien-Charles prêt à mettre une deuxième couche.

Avant que celui-ci ne commence à se méler des affaires des grands, elle demanda à Upo simplement :

- Vous pensez sincèrement que ce serment arrangera tout et fera de nouveau vivre la Maurésie que nous connaissons ?

Le ton d'Ezilda était sourd, comme désabusé et voyant déjà une situation désespérée.
Elle pensait encore à la situation dans laquelle serait la Maurésie si Upo prétait serment. A ses yeux, rien ne changerait sinon que le pays serait muselé, soumis à un Empereur indispensable pour avaliser toute décision officielle mais totalement absent des affaires et un Lieutenant Général qui le représenterait mais serait soumis totalement à son bon vouloir.
Elle craignait pour son pays mais n'en dit rien à Upo qui le savait déjà. Ils avaient souvent eu l'occasion d'en parler par le passé.

- J'aimerais le croire Ezilda, fit il quelque peu songeur,j'aimerais sincèrement le croire. Si j'ai accepté ce poste ce n'est pas pour laisser la Maurésie aux mains du Zollernberg... Regardez dans quel état se trouve notre pays... où sont les lois, l'ordre, les institutions?? On s'entretue à Philippeville, Pombal m'a écrit qu'il était en danger de mort... si notre Empire fonctionnait bien , il ne se serait pas encore fourré dans une situation pareil. Où vais devoir encore aller le recherché notre ami. Qui sait dans quoi il s'est encore engagé. Mais je pense qu'il vaudra mieux avoir cette discussion dans un cadre plus formel. Nous sommes ici en famille, dit il en regardant Edith. Je serai venu ici sans pouvoir voir ma filleule.